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Eddie Young, perspectiviste : interview, partie 2

Y a t-il une différence de rendu importante entre l’image que l’on voit à l’écran et l’impression finale ?

Une belle impression a une présence, une profondeur, une lumière que l’on a du mal a restituer à l’écran. En général je suis toujours très agréablement surpris par des impressions de qualité.
Il y a 10 ans, certes, la résolution des imprimantes étaient encore un peu faible mais c’est surtout le format qui posait problème, avec uniquement le A3 disponible.
Pour palier a des impressions de moins bonnes qualité, on plastifiait, parce que l’on redonnait ainsi un aspect brillant à une impression qui était moins bonne.
Aujourd’hui, la profondeur des couleurs surtout dans les tons un peu sombre, le piqué de l’image des traceurs A0 est impressionnante.
Je conseille deux choses aux architectes pour l’obtention d’une image de qualité : partir d’une très très belle photo, la base du travail, puis tirer sur de bons matériels.
Franchement sur certaines impressions de qualité, il n y a plus besoin de plastifier, on a sur papier un rendu exceptionnel.

Avez-vous la possibilité de contrôler les sorties imprimées de vos rendus ?

C’est toujours une vraie problématique, mais elle est facilement résolue. Le premier conseil à donner à un architecte est d’avoir au moins un bon écran calibré par rapport à la sortie de son imprimante pour que ce qu’il voit à l’écran corresponde bien à ce qu’il va sortir sur son imprimante.

Dans la réalité, on connaît rarement le système sur lequel ils vont imprimer, on ne sait donc jamais comment ils vont voir notre rendu. On aura beau essayer de calibrer tous nos écrans en fonction de leurs critères d’impression, on ne saura jamais si l’ordinateur et l’impression en face seront calibrés correctement.

Ma méthode est donc de ne pas pas avoir deux écrans calibrés de la même façon. Je saurai par habitude que tel architecte aura une sortie et un rendu sur son écran qui correspond à un travail de l’image sur tel de mes écrans qui devient ainsi la référence pour cet architecte. C’est empirique, mais cela marche.
Je leur demande souvent de me scanner une impression et de me l’envoyer. Après m’être assuré que ce qu’il voit sur leur écran ressemble au scan, j’interviens sur l’image.
Si par exemple je constate que leur impression tire plus vers le bleu ou le jaune que ce que je vois sur mon écran, je compense tout de suite. La méthode est fiable.

Quels sont les principaux logiciels que vous utilisez ?

Trois logiciels majoritairement : AutoCAD pour ouvrir les plans de l’architecte, Autodesk 3ds Max qui nous permet de modéliser le projet, de le restituer en images, de calculer l’image et ensuite Adobe Photoshop qui nous permet de faire les derniers ajustements, d’ajouter des personnages photoréalistes, de recoller l’image dans une photo de site, de retoucher les images envoyées par le maître d’ouvrage ou le maître d’œuvre.

Au vue de votre environnement de travail et des ordinateurs qui occupent les lieux, les moyens informatiques dont vous disposez semblent disproportionnés au regard de votre métier.

L’enjeu à ne jamais perdre de vue c’est la gestion du temps et la réactivité. Plus on a de machines, plus l’image peut être recalculée rapidement et plus on gagne en réactivité. Avant, avec peu de machines, les calculs étaient lancés la nuit, on les récupérait le lendemain puis on regardait les résultats avec parfois de mauvaises surprises. La première raison à tout cela, c’est la nécessité de tester en permanence : si je déplaçais un peu le soleil, si je travaillais le reflet différemment, si je donnais plus ou moins de transparence. A chaque fois, la machine recalcule l’image et obtient un résultat nouveau. L’idéal serait qu’une image soit calculée en quelques minutes d’autant plus qu’en se rapprochant de l’image finale, avec l’ajout de personnages, d’ arbres, de voitures, d’objets divers, gourmands en ressources, on a besoin de plus de machines pour être performant.

La seconde raison est que l’on est jamais à l’abri de modifications de dernière minute de l’architecte. Je suis donc assez pointilleux sur la méthode, ce qui me permet jusqu’au dernier moment de pouvoir corriger le modèle pour éventuellement palier a un changement de dernière minute de la part des architectes.
Par exemple, je me suis rendu compte que moins l’image est travaillée sur Photoshop, mieux on se porte. Si l’architecte modifie la géométrie d’un projet (rajouter une porte, enlever ou changer la position d’une fenêtre) pour que les retouches puissent suivre, la méthode est de rester le plus longtemps possible dans le mode du calcul et d’utiliser Photoshop uniquement pour uniquement corriger une colorimétrie, une lumière mais pas le modèle la 3D du projet.
Les corrections, même minimes, peuvent venir la veille ou l’avant veille. Il faut être capable de les réinjecter dans le modèle, de recalculer l’image rapidement et de recomposer l’image ensuite.

Quels sont les conséquences de ces méthodes de travail en terme d’équipement informatique ?

La rapidité de calcul est liée à la quantité et à la puissance des processeurs.

La première option est de posséder des serveurs de haut calcul avec plusieurs processeurs, chaque processeur intégrant plusieurs mini-processeurs.
la seconde est d’avoir des machines moins puissantes mais en plus grand nombre. Tous les logiciels savent en effet fractionner une image. Pour résumer : un ordinateur va être disponible pour traiter une image au préalable, le logiciel va fractionner l’image et envoyer chaque fragment aux différents ordinateurs. Donc au final une image va être calculer par 10, 20 ordinateurs différents.
On pourrait effectivement investir dans une très grosse configuration, mais en général cela va coûter quatre fois le prix d’ordinateurs moyens avec au final une puissance de calcul similaire. En général, je mets à jour les ordinateurs tous les deux ans avec de nouveaux composants, je préfère donc avoir plus d’ordinateurs en capacité de calcul moindre, ce qui permet de les changer rapidement et régulièrement.

Avez-vous des contraintes de maintenances fortes ?

Il est nécessaire d’avoir des serveurs avec des disques durs redondants, car la perte d’un projet est lourde de conséquence.

Concernant la maintenance, j’ai toujours plusieurs composants d’avance pour le même serveur, plusieurs cartes mères, blocs d’alimentation.
Quelque soit le problème, la panne, je dois être à nouveau opérationnel en quelques heures, c’est une sécurité indispensable. Chaque heure perdue vient grever le résultat final. Un perspectiviste doit donc être capable de gérer son parc informatique. Je suis personnellement toujours connecté via mon smartphone à mon parc. Je peux ainsi intervenir rapidement dans le cas d’une panne critique et suivre de près tout le process de traitement de mes modèles.
Certains préfèrent cependant sous-traiter cette technicité. Par exemple pour les animations 3D.
Il existe des serveurs externes qui vous permettent à un certain coût et via un plugin d’envoyer via internet votre modèle et tout ce qui va avec. Les machines du prestataire prennent alors en charge le calcul et vous renvoient l’image calculée selon un ordre de priorité dépendant du coût. Une fois l’image envoyée, si l’on a oublié des mises à jour, c’est trop tard, il faut attendre le retour.
Comme je l’ai déjà dit, parce qu’il s’agit de projets a durée de temps contraint, chaque heure perdue est dommageable.

Centre Culturel de Chamonix – Lauréat en étude – Chabanne et Partenaires – © EY

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Lire aussi l’interview partie 1

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